La réserve d’eau douce de Bango au Sénégal, conflit d’usage autour d’une ressource stratégique en sursis
Lors du Colloque International sur les Trames Vertes Et Trames Bleues, qui s’est tenu du 13 au 14 décembre au Centre Confucius, Dr. Cheikh Ahmed Tidiane FAYE, enseignant chercheur au département de géographie, a captivé l’audience avec sa communication perspicace sur l’état actuel de la réserve d’eau douce de Bango au Sénégal. Organisé par le Laboratoire de Géographie Humaine (LaboGehu) de l’Ucad, l’événement a été le théâtre d’une réflexion approfondie sur les défis environnementaux auxquels sont confrontées les ressources vitales africaines.
Dr. Faye a débuté par positionner la réserve de Bango comme étant vitale pour l’écosystème local et régional. Il a souligné son importance capitale dans l’approvisionnement en eau de la ville de Saint-Louis et des communautés environnantes, tout en mettant en lumière les multiples usages de ce bassin naturel.
Cependant, le tableau qu’il a dressé n’était pas sans ombre. L’enseignant-chercheur a mis l’accent sur la dégradation alarmante de la réserve, causée par des problèmes de circulation hydrologique et une invasion par le typha australis, une plante envahissante qui perturbe l’équilibre écologique. La dégradation de la qualité de l’eau et la réduction de l’espace aquatique disponible sont des symptômes inquiétants qui appellent à une action urgente.
À travers une méthodologie minutieuse, comprenant l’analyse de données de suivi qualité sur cinq années et la cartographie diachronique s’étendant sur près de quatre décennies, Dr. Faye a démontré l’ampleur et la rapidité du déclin de la réserve. Les entretiens avec les services techniques ont apporté une compréhension détaillée de la situation opérationnelle sur le terrain.
Les résultats présentés ont révélé que les causes de cette dégradation ne sont pas seulement techniques mais aussi et surtout institutionnelles, marquées par une absence flagrante de coordination entre les différents acteurs concernés. L’analyse de l’intervenant a mis en évidence un besoin urgent de revoir la gestion de la réserve de Bango, impliquant une meilleure concertation et une régulation adaptée.
Les messages clés délivrés par Dr. Faye résonnent comme un appel à une prise de conscience collective. Il préconise une solution où l’approche institutionnelle prime, insistant sur une gestion collective pour garantir la pérennité de cette ressource stratégique. La réserve de Bango représente donc un cas d’école quant à l’importance d’une gouvernance environnementale efficace pour les trames vertes et bleues.
La réponse du public a été à la hauteur des enjeux soulevés. L’inquiétude exprimée a cédé la place à une sensibilisation et à un débat constructif sur les stratégies de gestion à adopter. En effet, d’intenses discussions ont émergé, révélant un consensus sur la nécessité de repenser la manière dont les ressources naturelles sont gérées.
Dans une ère où les ressources en eau douce sont de plus en plus menacées par des pressions anthropiques et des changements climatiques, les travaux de Dr. Faye ainsi que les réactions qu’ils ont suscitées lors du colloque soulignent l’urgence d’actions concrètes. Les demandes du public pour des mesures institutionnelles et de régulation plus strictes sont un écho clair au besoin de sauvegarder non seulement la réserve de Bango, mais également d’autres écosystèmes similaires à travers le monde.