Titre de la communication :Gestion et valorisation touristique de la biodiversité naturelle et des ressources culturelles de la commune de Dindéfélo (Kédougou)
La région de Kédougou occupe une position très faible dans l’économie nationale, malgré la richesse de son sous-sol, de sa biodiversité naturelle et de sa pluralité culturelle. Cet espace géographique est resté longtemps marginalisé jusqu’à ce qu’il intéresse les autorités publiques du Sénégal et de nombreuses organisations internationales par ses potentiels agricoles, miniers et fonciers. Il demeure faiblement structuré et sous-développé. Cette région enregistre les plus mauvais indices en matière de services sociaux, de couverture sanitaire, d’alphabétisation et surtout d’investissement pour l’aménagement territorial. Le territoire est en lui-même un paradoxe ; il possède une forêt dense, des sols riches en ressources minières, en or et un potentiel touristique important ainsi qu’une production maraîchère prometteuse, avec ses nombreux fleuves et cours d’eau. Ses ressources patrimoniales constituent aujourd’hui un intérêt majeur pour le développement local qui représente un élément essentiel dans la mise en valeur des biens patrimoniaux pour les populations locales.
Ainsi, face au développement touristique et à la mondialisation culturelle, la gestion des ressources patrimoniales devient une préoccupation majeure au niveau local, national et international surtout dans les pays africains fragilisés par ce phénomène. À Dindéfélo, la gestion et la valorisation touristique de la biodiversité naturelle et des héritages culturels apparaît à l’agenda politique des pouvoirs publics et des institutions internationales depuis que le paysage culturel Peul (pays Bassari) est classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. Ce territoire occupé par les Peuls et quelques Malinké venus du Mali et de la Guinée Conakry, est situé à l’extrême Sud-est du Sénégal plus précisément dans la région de Kédougou. Il regorge d’importantes ressources naturelles et culturelles menacées par la déforestation, les feux de brousse, le braconnage et les hôteliers. Cet espace géographique est caractérisé par un paysage culturel singulier, avec une mosaïque de petites concessions familiales et villageoises. Selon les archives du Cercle de Kédougou, la création de ces formations exceptionnelles remonte au IIIème siècle et résulte des rapports à l’espace imposé par les nombreuses guerres ou razzias, mais également par les migrations internes et externes, et un peuplement de plus en plus dense et diversifié.
À partir d’une approche pluridisciplinaire, l’article étudie ainsi l’organisation spatiale et le milieu humain de la commune de Dindéfélo. Il examine aussi les politiques de gestion et de mise en valeur des biens patrimoniaux, adaptées aux réalités socioculturelles des communautés d’accueil et au dynamisme économique de leur territoire. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique de développer l’écotourisme, l’agritourisme et le tourisme rural intégré. L’objectif est de sensibiliser les parties prenantes (population locale, élus locaux, touristes, acteurs publics et privés) à la bonne gouvernance pour une prise de conscience collective. La méthodologie adoptée s’appuie sur les recherches documentaires, les observations participatives et les enquêtes de terrain que nous y avons réalisées pendant cinq mois. Ces enquêtes ont permis de mieux comprendre les enjeux du tourisme sur la gestion et la valorisation des ressources patrimoniales qui deviennent une urgence dans la commune de Dindéfélo. Les résultats obtenus montrent que la déforestation, les feux de brousse et le braconnage représentent une menace pour les écosystèmes. Ils montrent aussi que le manque d’implication de l’État et de la population locale risque d’engendrer une crise écologique.
Mots-clés : Gestion, Valorisation, Tourisme, Biodiversité, Cultures, Dindéfélo
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