Titre de la communication :La régulation de la relation homme/nature au sein des communautés côtières : exemple de Joal-Fadhiouth
Les milieux marins et côtiers sont parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète. Ils assurent le bien-être d’une population mondiale en pleine expansion, susceptible de dépasser neuf milliards d’individus d’ici à 2050. Le rôle de ces écosystèmes pour le bien-être futur de l’homme repose de plus en plus sur les capacités des pays à gérer les usages de ces milieux et les impacts qui en découlent, de manière à assurer que leur santé et leur capacité de résilience ne sont pas remises en cause.
Dans la zone du CCLME, les ressources marines et côtières contribuent aux moyens d’existence de millions de personnes et constituent un atout stratégique en faveur du développement socio-économique des pays. Les côtes sont soumises à l’influence du grand écosystème marin du courant des Canaries, soumis à de fortes remontées d’eau, phénomène océanographique par lequel une eau dense, plus froide et souvent plus riche en nutriments remonte à la surface, remplaçant ainsi l’eau de surface plus chaude, souvent pauvre en nutriments.
Au Sénégal, le littoral est l’une des zone les plus peuplées du pays, des régions comme Mbour, Dakar ou Saint-Louis enregistrent des croissances de l’ordre de 5 à 6 % (Sidibé, 2013). Dans ces régions où la densité humaine est plus élevée qu’à l’intérieur des terres, les populations bénéficient directement ou indirectement des biens et des services fournis par les écosystèmes marins et côtiers, parmi les plus productifs du monde.
La productivité primaire élevée et la grande production halieutique témoignent de la longue histoire des interactions humaines avec l’environnement sur ces milieux. La forte convoitise exercée sur ces espaces continue de laisser une empreinte indélébile sur la santé des écosystèmes mais également sur le tissu socio-économique du pays. En effet, la croissance continuelle de la population et sa concentration progressive le long du littoral exacerbe les enjeux environnementaux, favorise des pressions de tous ordres aux incidences majeures sur les écosystèmes marins et côtiers, mais aussi sur le développement socio-économique.
Toutefois, la conservation et la gestion des ressources marines et des habitats côtiers font face à de nombreux défis notamment la surpêche, les méthodes de pêche générant des prises accessoires et des rejets importants ainsi que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INDNR), les diverses pollutions, dues aux activités anthropiques, les effets des changements climatiques. Les conséquences sont souvent graves pour les populations qui dépendent beaucoup des services fournis par les écosystèmes. La perte de biodiversité fait reculer leurs contributions au bien-être humains, ce qui se répercute sur la vie quotidienne des populations et nuit au développement socioéconomique auquel ils aspirent.
Notre proposition s’inscrit dans la logique des trames verte et bleue (TVB) dont la démarche vise « à maintenir et à reconstituer un réseau d’échanges pour que les espèces animales et végétales puissent, comme l’homme, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer… et assurer ainsi leur cycle de vie ». En effet, ce résumé présente une partie des résultats du projet ARTISTICC dont l’objectif est de contribuer à la réflexion en essayant d’analyser les approches parmi lesquelles la connaissance peut être utilisée pour mieux comprendre les adaptations des communautés côtières face aux changements climatiques. Nous avons interrogé la conservation et la gestion des écosystèmes marins et des habitats côtier à Joal-Fadiouth à travers la régulation de la relation homme/nature au sein des communautés côtières.
Le rôle et la place des savoirs endogènes dans la préservation de la biodiversité à Joal-Fadiouth sont réellement considérés dans les décisions d’aménagement des aires protégées et ont contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations locales.
Les données utilisées proviennent d’enquêtes de terrain réalisées en novembre 2014 et mars 2015, au sein de la communauté de professionnels de la pêche artisanale à Mbour et à Joal-Fadhiouth. Les entrevues s’adressent particulièrement aux pêcheurs (actifs et retraités), aux femmes transformatrices de poisson et collectrices de mollusques, mais aussi à d’autres acteurs issus de la sphère associative (GIE) et institutionnelle (agent CRODT, Conservateur de l’AMP, président du comité de gestion de l’AMP). Des entretiens spécifiques ont été accordé au « roi de la mer » et au géni protecteur de la mangrove du site de « Fassanda ».
L’adaptation étant difficilement réductible à une approche quantitative, la démarche analytique de la théorie ancrée ou Grounded Theory de Jean-Pierre Olivier de Sardan (1995, 1998) a été choisie car étant appropriée pour analyser les données tirées des entrevues. Les résultats obtenus mettent en exergue la synergie entre les savoirs scientifiques et les savoirs émics (locaux) pour le développement d’un dialogue équilibré selon l’expression de (Blaikie & al, 1997).
Références :
Sidibé I., « Un territoire littoral dans l’espace politique, économique et religieux du Sénégal », Espace populations sociétés [En ligne], 2013/1-2 | 2013, mis en ligne le 20 octobre 2016, consulté le 15 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/eps/5415