Titre de la communication :La réserve d’eau douce de Bango au Sénégal, conflit d’usage autour d’une ressource stratégique en sursis
La réserve d’eau de Saint-Louis communément appelée réserve de Bango se situe dans le bas estuaire du fleuve Sénégal. Elle s’identifie au bief aval du système des marigots Gorom-
Lampsar-Djeuss constitué à partir d’une suite de ramifications secondaires du fleuve (défluents). Elle est circonscrite entre les ouvrages de régulation de Bango à l’Ouest,
Ndiawdoune au Sud sur le Ngalam et Mboubène à l’Est sur le Lampsar. La fonction première
de la réserve est l’alimentation en eau de la ville de Saint-Louis et des localités riveraines. Elle
constitue également une ressource stratégique pour l’Agriculture (riziculture, maraichage,
l’élevage, le tourisme, la pêche et l’artisanat). Cependant, elle subit une dynamique de
dégradation de la qualité de son eau causée principalement par un problème de circulation
hydrologique. Elle donne l’image d’un cours d’eau étranglé par les méandres du Lampsar à
Mbakhana. Ainsi, il ne se pose pas un problème de disponibilité mais plutôt de circulation de
la ressource.
L’objectif de la présente contribution est de déterminer le taux d’évolution des paramètres
microbiologiques et physico-chimiques des eaux de la réserve, d’évaluer la colonisation de son
espace vitale par une espèce envahissante, le typha australis. La méthodologie utilisée repose
sur une exploitation des données du suivi annuel de la qualité des eaux (2017-2022), une
cartographie diachronique (1985-2023) et des entretiens avec les services techniques. Les
résultats montrent que la réserve de Bango est confrontée à une dégradation de sa qualité liée à
un problème de circulation hydrologique car le volume d’eau qui transite par l’ouvrage de
Mboubène n’est pas évalué selon les besoins de la réserve mais plutôt selon les besoins
exprimés par les usages en amont et à diverses utilisations/rejets non contrôlés de l’eau (acteurs
multiples avec des intérêts divergents) ; l’envahissement des végétaux aquatiques qui influe sur
sa disponibilité. Le diagnostic du mode de gestion et des différents acteurs impliqués, ont révélé
une tendance sectorielle de la gestion et une absence de concertation permanente entre les
usagers et entre gestionnaires et usagers. Ainsi, le problème de la réserve de Bango serait plus
institutionnel que technique.