Titre de la communication :Les politiques et les acteurs dans les recompositions agricoles dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire; les multiples tensions autour de la trame verte : le foncier
Au lendemain de son indépendance, L’État ivoirien axe son développement économique sur l’agriculture. À travers la politique agricole libérale orientée vers le développement économique et agricole, l’État met en place les moyens d’investissements par l’Autorité de la Vallée de Bandama (AVB) pour le centre et l’autorité d’aménagement de la Région de Sud-Ouest (ARSO). La volonté politique s’est greffée sur les moyens de développement économique pour une exploitation optimale des matières premières dans les régions forestières du sud de la Côte d’Ivoire. La conjugaison de ces politiques dans la région de San-Pedro, région de Sud-Ouest, sous-peuplée et enclavée, a invité la main-d’oeuvre en vue d’une exploitation agricole d’envergure d’une zone aux conditions physiques et naturelles propices à l’agriculture d’exportation. La colonisation massive des espaces forestiers a, non seulement contribué au développement économique du pays, mais aussi participé à la dégradation de l’environnement à telle enseigne que l’on assiste une saturation foncière dans la région. Aussi, l’émergence des multiples acteurs (sociétés, privés, particuliers) aux intérêts économiques divers et différents a exacerbé la situation de terres cultivables non-disponibles de la région, créant ainsi des conflits fonciers. C’est dans ce contexte que s’inscrit cette thèse intitulée : « Recompositions agricoles et migration dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire: Cas de San-Pedro et de Tabou ». Elle vise à l’analyse des méthodes adaptatives face au manque notoire des espaces agricoles et identifier les recompositions agricoles des migrants. Elle analyse également les politiques rurales et agricoles qui influencent les recompositions agricoles en cours dans la région. Les recompositions agricoles donnent lieu à la mise en pratique des dynamiques des savoirs locaux des migrants face à la demande du marché et face aux contraintes imposées par les règles foncières régionales et locales et enfin face à la saturation foncière dans la région. Elle analyse également la recomposition des acteurs liés à l’exploitation des espaces forestiers dont les enjeux économiques des nouveaux acteurs sont divers et différents aux exploitants locaux et régionaux. Afin de répondre aux questionnements de cette étude, les méthodes de travail ont été principalement orientées sur l’analyse documentaire et les enquêtes de terrain, essentiellement portées sur des entretiens et l’administration d’un questionnaire aux populations concernées et les traitements numériques. L’approche méthodologique convoque celle de l’hypothético-déductive via l’approche participative. Il s’agit donc, dans cette méthodologie, de justifier les hypothèses émises par l’étude en consultant d’abord les populations locales afin de confronter les informations recueillies avec celles des autorités publiques. On rappelle que le foncier et l’agriculture en Côte d’Ivoire sont des thématiques très sensibles. D’où l’approche participative afin de recueillir les informations qui traduisent la réalité. Il ressort de cette analyse que les recomposition agricoles des migrants, dans une situation de compétitions foncières intenses face aux urgences du moment et dans une situation de conflits fonciers permanents entre les acteurs qui s’organisent en fonction des interêts économiques, se caractérisent par le choix, les méthodes, les systèmes de cultures s’orientant vers un système agricole intensif avec l’utilisation importante des produits phytosanitaires selon les besoins du marché. Les choix et les méthodes des exploitants locaux et/ ou régionaux sont influencés par les politiques agricoles, par la demande des marchés des villes et des pays, et par les conditions foncières du pays.
La présentation va porter sur les savoirs des exploitations agricoles, principalement les migrants, dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Les savoirs sont plutôt les méthodes d’adaptation mises en place par les migrants pour suivre les dynamiques foncières, politiques et surtout la multiplication des acteurs dans le foncier. C’est ce que nous appelons les méthodes de recompositions agricoles des migrants. Elle fait mention des multiples conflits autour la ressource naturelle : le foncier. Et enfin, elle montre les impacts de ces conflits sur les recompositions agricoles des migrants.
Mots clés : Côte d’Ivoire, San-Pedro, Agriculture, recomposition agricole, migration, système agricole, conflits fonciers, développement agricole
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